Je dépose des milliers de baisers au rouge à lèvres sur un drap blanc, couvrant les pixels d’une photo de seins projetée. Cette approche intime à la matière, cette représentation d’une partie ô combien sensible du corps de la femme et cette finesse apportée par le choix minutieux des rouges répond à une démarche à la fois féminine, féministe et artistique, où le corps féminin est abordé tel qu’il est, tel qu’il se vit par les femmes.

Le choix de toiles imposantes est loin d'être une approche narcissique ou clinique de la thématique. Elles débordent d'affection, de passion et de dévotion pour ce symbole universel.

Le baiser de l’artiste semble être le vecteur de ses messages de soutien, d’engagement, de révolte et de bienveillance. 

J'embrasse sur des draps de lin, sur des histoires de femmes. Dans un temps encore pas si lointain, les jeunes filles impubères brodaient leur trousseau de (future) mariée de leur initiale. Quand elles se fiançaient, une seconde initiale du (futur) mari s'ajoutait. Leur union charnelle se déroulait sous ces draps, elles enfantaient dans ces draps et l'amour finissait dans de beaux draps parfois... Ces draps brodés, usés, rapiécés sont la mémoire de toutes ces femmes et j'embrasse leur histoire.